Faune et flore locales

  Le massif des Aspres constitue un grand ensemble « naturel » fonctionnel où de nombreuses espèces effectuent la totalité de leur cycle de vie. Très étendu et peu perturbé par l’action de l’Homme, il abrite de nombreuses espèces ordinaires et patrimoniales, tant sur le plan de la flore que de la faune (insectes, oiseaux, mammifères, amphibiens, reptiles…). La présence de formations plus ouvertes (maquis bas, prairie, forêt pâturée…) présente un intérêt majeur en abritant une grande partie de la diversité floristique et faunistique.


  Les zones agricoles voisines jouent aussi un rôle important sur ce territoire de piémont où la zone de transition entre massif et plaine agricole offre une diversité d’habitats favorable à de nombreuses espèces. En effet, hormis pour certaines espèces inféodées aux milieux forestiers ou au maquis, les zones agricoles - principalement celles composées d’une certaine hétérogénéité en termes d’habitat - sont favorables à un grand nombre d’espèces. Certaines y trouvent les conditions pour assurer intégralement leur cycle de vie tandis que d’autres, qui vivent dans les milieux naturels alentours, les utilisent notamment comme zone d’alimentation ou pour se déplacer. Des « flux écologiques » existent donc entre massif et espaces agricoles avoisinants. La déprise agricole, en plaine et sur le massif, entraîne une fermeture progressive des paysages qui tend à homogénéiser les milieux et donc à appauvrir la biodiversité.


zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF)

  Tordères est concerné par une ZNIEFF de type II « Massif des Aspres » (n°6614-0000).

  D’une superficie de 29000 hectares, cette zone s’étend sur 37 communes et englobe l’intégralité du massif des Aspres qui marque la transition entre la plaine du Roussillon et le massif du Canigou. Cet espace est principalement composé de vastes formations forestières dominées par les feuillus (chêne vert et chêne liège notamment) et de formations arbustives, de maquis et de garrigues, plus ou moins ouverts. Des formations herbacées sont aussi présentes de manière éparse.
  Il s’agit d’un grand ensemble naturel accueillant une diversité floristique et faunistique importante et patrimoniale. La fiche descriptive de la ZNIEFF fait état de la présence de nombreuses espèces déterminantes ou remarquables, 41 espèces végétales, 16 oiseaux, 3 reptiles, 3 chiroptères, 13 insectes (coléoptères, lépidoptères, odonates et orthoptères) et un mollusque.

  Parmi les espèces protégées au niveau régional, national ou européen, on peut citer pour exemple :
- L’andropogon à deux épis, graminée peu commune caractéristique des pelouses rocailleuses et des falaises. Elle est protégée au niveau régional.

 

- Le cochevis de Thékla, protégé à l’échelle européenne, affectionne particulièrement les zones de garrigues plutôt arides composées d’un maigre couvert végétal. Les effectifs nationaux de l’espèce sont inférieurs à 300 couples et elle atteint la limite septentrionale de son aire de répartition dans l’Aude.

- Le faucon pèlerin, espèce de rapace rupestre qui apprécie particulièrement les massifs rocheux où il niche. Son territoire de chasse couvre des zones très diversifiées. Il est protégé au niveau national où ses populations sont en déclin.

- Le damier de la succise, un papillon méditerranéen en fort déclin, ce lépidoptère apprécie particulièrement les prairies et lisières de feuillus où il trouve les fleurs dont il se nourrit. Il est protégé au niveau national où ses effectifs sont en baisse.

  Cette zone constitue un grand ensemble écologique fonctionnel peu fragmenté. Sa richesse floristique et faunistique provient notamment de l’alternance de milieux ouverts et fermés sur substrats acides ou calcaires. Les milieux ouverts (prairies, garrigues et maquis bas, cultures et affleurements rocheux) jouent un rôle essentiel en permettant le maintien de cette mosaïque de milieux et en abritant une grande partie de la richesse patrimoniale, notamment sur le plan floristique et avifaunistique.


  Les principales menaces qui peuvent nuire à la préservation de la biodiversité sur cette zone sont la fermeture des milieux ouverts liée à la dynamique naturelle de colonisation par les espèces ligneuses (déclin de l’activité pastorale) et le risque feu de forêt auquel le massif est particulièrement sensible. Plus localement, et notamment en périphérie de la zone, la fréquentation souvent mal canalisée du site est aussi source de nombreuses pressions (dérangement, piétinement, dégradation…).


  En termes de superficie, moins de 2% de la ZNIEFF est située sur la commune où elle recouvre 50% du territoire communal. Le village et la partie agricole en sont exclus.


Liste des espèces déterminantes et remarquables présentes à Tordères


Espèces faisant l'objet d'un Plan National d'Action

  Le territoire communal n’est concerné par aucun zonage connu de Plan National d'Action (PNA). Toutefois, il est à noter que le territoire des communes voisines de Montauriol et Fourques sont partiellement concernés par le zonage des PNA pie-grièche méridionale (Lanius meridionalis) et pie-grièche à tête rousse (Lanius senator). Ces deux espèces de pie-grièche ont déjà été observées sur le territoire communal par le passé (source FAUNE LR). Elles affectionnent particulièrement des habitats naturels relativement ouverts, notamment les milieux type garrigues basses ou pelouses ponctués de grands arbres et de buissons mais aussi les espaces agricoles ouverts entrecoupés de haies (notamment pour la chasse). Les principales pressions qui concernent ces habitats sont la fermeture des milieux ouverts présents dans le massif (déclin de l’activité pastorale) et des espaces agricoles due au développement des friches.

  De plus, au vu des connaissances locales (investigations de terrain et données FAUNE LR), d’autres espèces faisant l’objet d’un PNA ont déjà été observées sur la commune. Il s’agit des espèces suivantes :

- La chouette chevêche (Athene noctua), ou chevêche d’Athéna, protégée au niveau international, fait l’objet d’un PNA. Elle a plusieurs fois été observée sur la commune ces dernières années et apprécie les zones boisées bordées de zones ouvertes.

- Le lézard ocellé (Timon lepidus), espèce protégée au niveau européen, fait l’objet d’un PNA depuis 2012. Il se nourrit principalement de petits insectes, vit sur des milieux xériques et affectionne les zones ouvertes et caillouteuses.


Les habitats naturels et semi-naturels locaux

- la chênaie :

  Il s’agit d’une grande entité forestière principalement composée de feuillus sempervirents. La chênaie verte et la suberaie sont largement dominantes et apparaissent parfois dégradées à l’état de matorral arborescent.

  Le sous-bois est principalement constitué par des espèces de maquis. A noter que la suberaie constituent un habitat naturel d’intérêt communautaire au titre de son inscription à l’annexe I de la Directive européenne Habitats-Faune-Flore.

  Dans une moindre mesure, des chênaies caducifoliées - où le chêne pubescent domine - sont présentes dans le bas de certains vallons creusés par les cours d’eau temporaires et au coeur de la plaine agricole dans la partie orientale du territoire.

    Certaines espèces d’invertébrés, de mammifères et d’oiseaux apprécient particulièrement ces milieux. On peut citer le sanglier, le chevreuil ou des passereaux tels que la fauvette, la mésange ou le pouillot.

- Le maquis :

  Ce milieu caractéristique des substrats siliceux est dominé par des formations arbustives méditerranéennes basses et denses. Il est composé de nombreuses essences pérennes, ligneuses voire piquantes.

  Les espèces de cistes (ciste de Montpellier et ciste cotonneux notamment), caractéristiques de ces milieux, sont ici bien représentées. Elles sont souvent présentes au sein d’un cortège plus varié représenté notamment par la lavande stoechade, le genêt scorpion ou la bruyère arborescente.

  Sur le plan floristique, ce milieu abrite de nombreuses espèces typiquement méditerranéennes appréciant particulièrement les milieux xériques (c'est-à-dire caractérisés par une forte sécheresse).

  Concernant l’avifaune, le maquis constitue un territoire de chasse privilégié pour les pies-grièches notamment. Concernant les mammifères, on peut citer le sanglier, le renard ou la fouine.

- La forêt mixte :

  Il s’agit de la zone correspondant à la forêt domaniale du Réart. Les essences les mieux représentées au sein de cette forêt plantée sont le chêne liège, l’eucalyptus, le pin d’Alep, le pin pignon et le pin maritime. A noter la présence de grandes zones de sols nus sensibles à l’érosion.
  Les nombreuses essences exogènes rendent cet ensemble singulier dans le paysage local.

- La zone agricole hétérogène :

  Il s’agit d’une zone agricole présentant une diversité d’espace importante où on retrouve une alternance de milieux ouverts et fermés. Elle est principalement constituée de vignobles, de vergers, de prairies et de friches. Un réseau de haies vient par endroit mailler ces espaces.
  Ce maillage d’habitats constitue une zone intéressante pour de nombreuses espèces animales (insectes, oiseaux, reptiles et mammifères notamment) qui apprécient particulièrement cette mosaïque. Concernant les oiseaux, on peut citer pour exemple la pie-grièche à tête rousse, le gobemouche gris voire le circaète Jean-le-blanc qui apprécient particulièrement ce type de milieu. D’autres espèces patrimoniales y sont présentes, notamment le lézard ocellé.

- La zone viticole :

  Il s’agit d’une grande zone uniquement composée de vignes par endroit entrecoupées par des haies.
  Cette zone peut constituer un habitat de choix pour certaines espèces appréciant les milieux ouverts. Pour exemple, ces zones ouvertes constituent un territoire de chasse privilégié pour la pie-grièche méridionale voire le circaète Jean-le-blanc. Le lézard ocellé est aussi présent sur ce secteur.

- Les cours d'eau intermittents (oueds) :

  Il s’agit de petits cours d’eau dont l’écoulement est interrompu une grande partie de l’année, laissant le lit à sec avec par endroit quelques flaques résiduelles. Ces milieux accueillent des espèces floristiques et faunistiques particulières, adaptées à une alternance entre période en eau et période d’assec.

Ils constituent des habitats intéressants pour certains insectes et amphibiens notamment.

Le crapaud calamite a par exemple été observé sur le territoire communal.